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Discours de son excellence le professeur Faustin Archange Touadera, président de la république, chef de l’etat président en exercice de la CEMAC a l’occasion de la cérémonie de remise officielle de la politique nationale de protection sociale de la république centrafricaine 2024-2028

Publié le vendredi 20 septembre 2024  |  Présidence
Cérémonie
© Présidence par DR
Cérémonie de remise officielle de la politique nationale de protection sociale de la république centrafricaine 2024-2028
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Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique;
Mesdames et Messieurs les Représentants des Agences du Système des Nations Unies ;
Mesdames et Messieurs les Représentants des Partenaires techniques et financiers ;
Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations des employeurs ;
Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations des travailleurs ;
Mesdames et Messieurs les acteurs du Système de Protection Sociale ;
Mesdames et Messieurs les Représentants de la société civile ;
Distingués invités ;
Mesdames et Messieurs ;
C’est avec un grand plaisir que je préside aujourd’hui la cérémonie de réception du premier Document Cadre de la Politique Nationale de Protection Sociale de la République Centrafricaine, pour la période 2024-2028.
Le présent évènement qui se déroule quelques jours seulement après l’adoption du Plan National de Développement de la République Centrafricaine (2024-2028), énonce une éloquente preuve de la mise en œuvre par le Gouvernement de ma vision politique en matière sociale.
En effet, ce document d’orientation stratégique en matière de protection sociale a pour objectif principal de construire progressivement un système de protection sociale complet et transformateur qui renforce ainsi les garanties élémentaires de sécurité sociale des populations vulnérables.
Il vise à contribuer à l’amélioration du niveau de vie des plus pauvres, à faciliter leur accès aux services sociaux de base et renforcer leur résilience face aux risques d’abus, de violence, d’exploitation, de discrimination et d’exclusion.
Distingués invités ;
Mesdames et Messieurs ;
Le système de protection sociale en République Centrafricaine repose sur un ensemble de programmes d’assistance sociale et de dispositifs d’assurance sociale.
Ce système, bâti au fil des années, a été conçu dans un objectif de lutter efficacement contre la pauvreté et les inégalités ainsi que de promouvoir une inclusion sociale.
Cependant, ce système, censé lutter contre la pauvreté et assurer l’inclusion sociale, a montré des défaillances par rapport aux résultats attendus du fait du cloisonnement étanche entre les actions sur lesquelles il a été bâti.
Il s’agit :
- d’une part, des programmes et mécanismes non contributifs de lutte contre la pauvreté dont le financement reste en majorité tributaire des aides extérieures, l’assistance médicale gratuite mais ciblée à une catégorie de couches sociale et,
- d’autre part, une sécurité sociale, basée sur la mutualisation des risques et financée d’une façon autonome, censée couvrir tous les travailleurs contre les risques inhérents à la nature humaine, une masse importante demeure exclue de cette couverture sociale.
Le principal reproche du système de protection sociale dans notre pays est et demeure la conception de ses programmes de façon indépendante les uns des autres, sans vision globale et intégrée de gouvernance, sans un registre social unique et quelquefois sans redevabilité.
Cette conception a rendu difficile l’interaction et la complémentarité entre les actions publiques entreprises en la matière, ce qui a engendré une fragmentation des programmes de protection sociale, une duplication et un manque de cohérence, source de gaspillage et d’inefficacité.
Tous ces sujets ont été maintes fois analysés, mais maintes fois laissés au bord de la réforme ou alors retouchés à la marge.
Notre système, mis en œuvre jusqu’ici, donne le sentiment de la création d’une sorte d’injustice et d’un fossé profond de droits entre les catégories socio-professionnelles, entre les régions et entre les générations.
Il n’a pas permis d’appréhender le processus de la protection sociale dans un système intégré qui aurait le mérite de résoudre tous les problèmes de la pauvreté, de par sa gouvernance, son financement.
C’est dans ce contexte que j’ai instruit le Gouvernement de remettre en débat toute cette problématique qui s’est avérée d’emblée, une priorité absolue de l’action gouvernementale, ensuite, dans le Préambule de la Constitution du 30 août 2023 et enfin, dans le Plan National de Développement (2024-2028).
Ainsi, dans le cadre du Comité de Coordination Sectoriel : « Protection Sociale », tous les acteurs institutionnels, étatiques ou non-étatiques, opérationnels, qu’ils soient nationaux ou internationaux du système de protection sociale se sont mobilisés autour du Gouvernement dans un processus participatif et inclusif visant à repenser tout le système de protection sociale dont un premier projet avait été validé en 2019.
A l’issue du processus, une large volonté commune s’est dégagée en faveur d’un changement de paradigme, celui de s’orienter vers une vision cohérente, intégrée et harmonisée pour plus d’efficacité de l’action publique, une interaction et une complémentarité accrues entre les programmes et une allocation optimale des ressources.
Distingués invités ;
Mesdames et Messieurs ;
Votre présence massive à cette cérémonie témoigne votre adhésion à ma vision politique qui est celle qui s’impose de plus en plus à toute la communauté internationale comme la vision la plus partagée d’autant plus que les besoins en matière de protection sociale restent un délicat sujet de préoccupation mondiale.
Il en est de même des défis qui sont énormes et des opportunités prometteuses pour les Nations Unies.
Je me réjouis de ce que notre document d’orientation stratégique offre une occasion cruciale d’améliorer l’efficience du système de protection sociale à travers l’institution d’un Socle National de Protection Sociale, conformément à la Recommandation n° 202 de 2012, adoptée par l’Organisation Internationale du Travail sur les socles nationaux de protection sociale qui consistent essentiellement : « en un ensemble de droits et de transferts sociaux de base, de services essentiels en matière d’emploi, destinés à protéger, à responsabiliser et à aider les plus défavorisés à sortir de la pauvreté par le travail.
Ces politiques sociales doivent se combiner dans une approche cohérente tout au long de la vie et s’adresser tout particulièrement aux catégories les plus vulnérables de la société, à savoir les femmes, les enfants et les jeunes ». Bref, une approche fondée sur le cycle de vie.
Cette réjouissance trouve ses fondements non seulement sur le fait que ce cet outil s’aligne sur le Plan National du Développement mais aussi sur les grands principes et droits fondamentaux au travail des nations modernes notamment :
- les principes communs de Justice Sociale, en particulier la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, notamment dans les articles 22 et 25, principe que j’ai soutenu lors du Sommet de haut niveau sur le monde du travail ayant eu pour thème « La justice sociale pour tous » qui s’est tenu en marge de la 111ème Conférence Internationale du Travail à Genève en Suisse ;
- le Pacte International relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966, notamment les articles 9, 11 et 12 ;
- la Déclaration de Philadelphie de 1944 qui reconnaît l’obligation solennelle de l’Organisation Internationale du Travail de contribuer à réaliser l’extension des mesures de la sécurité sociale en vue d’assurer un revenu de base à tous ceux qui ont besoin d’une telle protection, ainsi que des soins médicaux complets ;
- la Déclaration de l’OIT sur la Justice Sociale pour une Mondialisation
Equitable de juin 2008.
Distingués invités ;
Mesdames et Messieurs ;
Je n’oublie pas tous ceux qui, dans ce processus, ont contribué à l’édification de cette nouvelle perspective en matière sociale dont l’absence est un facteur direct d’appauvrissement.
Je veux citer plus particulièrement l’UNICEF qui co-préside le Comité Sectoriel « Protection Sociale », la Banque Mondiale et l’Organisation Internationale du Travail qui a apporté son expertise technique.
C’est ici le lieu de remercier le Gouvernement qui, à travers le Comité de Coordination Sectoriel « Protection Sociale » placé sous le Ministère en charge de la Protection Sociale, a mis à la disposition des décideurs politiques, économiques, sociaux ainsi que des partenaires un tableau de référence dont la mise en œuvre nécessite :
- l’élaboration dans les meilleurs d’un plan ou d’une stratégie de mobilisation des ressources pérennes et durables de financement de la protection sociale en République Centrafricaine ;
- l’élaboration d’un Registre Social Unique afin de donner une lisibilité et un meilleur suivi-évaluation de tous les programmes non-contributifs de protection sociale ;
- la poursuite des réformes structurelles du système sanitaire dans une démarche fondée sur les normes de droits de l’Homme : « disponibilité, accessibilité et qualité », pour garantir une couverture sanitaire universelle, l’une des composantes principales du socle national de protection sociale ;
- la réalisation d’une étude d’extension de la sécurité sociale aux couches non-couvertes, notamment les acteurs du secteur informel et rural ;
-l’élaboration des réformes législative en vue de prendre en compte nos Compatriotes issus des peuples autochtones et tribaux, les personnes vivant avec le handicap, les migrants, le personnel domestiques, etc.
Mes Chers Compatriotes ;
Comme disait un célèbre auteur, un philosophe français Alain pour ne pas le citer : « Il y a l’avenir qui se fait et il y a l’avenir qu’on fait. L’avenir réel se compose des deux ».
L’avenir qui se fait, nous en percevons d’ores et déjà l’ampleur des mutations profondes qu’il renferme, qu’il s’agisse du défi écologique planétaire et de ses conséquences humaines, de l’accélération de l’internationalisation des échanges, des révolutions technologiques qui sont sans précédent en ampleur et en rapidité, ou encore de l’évolution profonde vers la société de la connaissance et de l’innovation.
Aussi, « l’avenir qu’on fait » consiste à trouver tous les leviers possibles pour saisir les opportunités de « l’avenir qui se fait », afin que « l’avenir réel » corresponde à nos attentes.
Cette affirmation sous-tend deux impératifs : d’une part, celui de croire viscéralement en la capacité du « nous », c’est-à-dire de l’intelligence collective à trouver des solutions adaptées à ses aspirations et, d’autre part, cela suppose d’adopter une démarche proactive, pragmatique et de responsabilisation des acteurs face aux enjeux.
Ces deux impératifs constituent les fondements tant de la méthode que des orientations des réformes que j’ai prescrites au Gouvernement pour transformer profondément notre modèle social, afin que l’idéal républicain d’émancipation sur lequel il repose puisse, face aux défis d’aujourd’hui et de demain, être une réalité pour tous.
Ensemble, poursuivons cet idéal humaniste pour l’avenir vertueux de notre cher et beau pays, la République Centrafricaine.

Je vous remercie.
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