La France a versé pour la première fois depuis trois ans une aide budgétaire à la Centrafrique, via un don de 10 millions d'euros de l'Agence française de développement (AFD), a annoncé l'ambassade lors d'une conférence de presse mercredi à Bangui.
"Signe du réengagement progressif et de la normalisation des relations bilatérales entre les deux pays", l'aide est destinée à financer "directement, sans conditionnalité, ni aucune réserve, des opérations relevant de la souveraineté et de la gouvernance démocratique de l'État centrafricain", a annoncé l'ambassadeur de France, Bruno Foucher.
En 2021, la France avait décidé du gel de son aide budgétaire et la suspension de sa coopération militaire avec cet État d'Afrique centrale, jugé "complice" d'une campagne antifrançaise téléguidée par Moscou.
En avril, le président Emmanuel Macron avait reçu son homologue Faustin-Archange Touadéra à Paris et les deux dirigeants avaient adopté "une feuille de route" en vue de mettre en place un "partenariat constructif" et relancer leur relation.
Les fonds versés en une seule fois sur le compte du Trésor seront alloués pour "l'appui à la gouvernance économique et financière (5 millions d'euros)", "à la résorption des arriérés intérieurs (3 millions d'euros)" et enfin "à l'organisation des élections (2 millions d'euros)", selon une répartition décidée par le ministère centrafricain des Finances, a précisé Bruno Foucher.
L'allocation dédiée aux élections viendra abonder le pot commun géré par le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) et soutenu par l'Union européenne pour l'organisation des élections locales de juillet 2025.
Les relations entre les deux pays s'étaient dégradées progressivement après l'arrivée du groupe paramilitaire russe Wagner sur le territoire centrafricain en 2017 et les attaques répétées dont les intérêts français faisaient régulièrement l'objet.
La Centrafrique est l'un des pays d'Afrique francophone où Paris a vu son influence contestée au profit de la Russie ces dernières années. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont aussi pris leurs distances avec l'ancienne puissance coloniale, tandis que la Russie y poussait ses pions.