Le directeur de publication du Quotidien de Bangui, Landry Ulrich Ngema Ngokpele, a été inculpé mercredi en Centrafrique pour "difusion d'informations" visant "à causer des troubles à l'ordre public", selon un document judiciaire consulté par l'AFP.
M. Ngokpele est au deuxième jour d'une grève de la faim, a rapporté le vice-président de l'Union des journalistes centrafricains, Jean-Fernand Koena, qui lui a rendu visite sur son lieu de détention.
Son arrestation "arbitraire", jeudi dernier, est la conséquence de la publication d'un article annonçant la présence de l'ancien président François Bozizé à Bangui fin avril, selon ses confrères.
"Si son arrestation est efectivement liée à l'exercice de son métier, nous invoquerons la loi sur la dépénalisation des délits de presse", a avancé son avocat Me Roger Lotomon.
M. Ngokpele, également poursuivi pour "incitation à la haine contre le gouvernement", doit être présenté devant la justice pour une première audition lundi a indiqué Mathieu Bana Bibi, doyen des juges du tribunal de grande instance de Bangui.
Le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Maxime Balalou, a déclaré qu'un journaliste ne devait pas écrire "des informations susceptibles de provoquer des troubles", lors de la célébration de la journée de la liberté de la presse mercredi.
En 2025, la République centrafricaine occupe la 72e place (sur 180) au classement annuel de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse dans le monde.
La liberté d'expression reste une source d'inquiétude dans ce pays qui a été le théâtre d'une guerre civile meurtrière, déclenchée en 2013 lorsque l'alliance rebelle dominée par les musulmans, la Séléka, a renversé le président François Bozizé.
Ce dernier a mobilisé des milices d'autodéfense majoritairement chrétiennes et animistes, les anti-balakas, pour tenter de reprendre le pouvoir. En 2020, les plus puissants groupes rebelles, qui occupaient alors plus des deux tiers du territoire, se sont rassemblés pour lancer une vaste ofensive sur Bangui.
Le président Faustin-Archange Touadéra avait fait appel à Moscou ainsi qu'à des soldats rwandais pour renforcer son armée démunie. Des centaines de mercenaires de la société de sécurité privée Wagner sont venus en renfort, en plus des nombreux autres déjà présents depuis 2018.
Exilé en Guinée Bissau depuis 2023, aux dernières nouvelles, M. Bozizé est depuis un an sous le coup d'un mandat d'arrêt international de la Cour pénale spéciale, pour de possibles exactions de son régime pendant ses dix années au pouvoir. Son éventuelle présence récente en Centrafrique n'a pas été confirmée.