À quoi, diable, joue Denis Sassou Nguesso ? C’est la question que nombre d’acteurs et d’observateurs attentifs de la vie politique centrafricaine se posent ! Celui qui a été désigné médiateur de la crise centrafricaine par ses pairs, les chefs d’État membres de la CEEAC, en janvier 2013, s’est lancé ces dernières semaines dans un hasardeux processus de négociation parallèle afin de rétablir la « paix » en Centrafrique.
Au final, c’est une bien mauvaise pièce qui s’est jouée avec pour théâtre Nairobi, la capitale kenyane, et pour acteurs principaux Michel Djotodia, et la frange des ex-Sélékas qui ne lui a pas tourné le dos, et François Bozizé, qui ne s’est jamais résolu à faire son deuil d’un pouvoir dont il a pourtant fait bien mauvais usage depuis 2003, date de son arrivée à la tête du pays à la faveur d’un coup d’État.
Comment ces deux personnalités, frappées toutes deux de menaces de sanction et auxquelles la CPI pourraient s’intéresser de près dans les mois à venir, se retrouvent-elles aujourd’hui en position de négocier à une table d’où les acteurs régionaux et internationaux les avaient tenus soigneusement éloignés en raison de leur « influence négative » sur le cours des événements ?
Pour le savoir, il faut revenir, quelques mois plus tôt, à Brazzaville. Face à la poursuite des violences en Centrafrique, et en accord avec les autorités locales et les partenaires internationaux, le Président congolais Denis Sassou Nguesso, nommé médiateur de la crise centrafricaine par l’accord de Libreville, convoque un forum de dialogue à Brazzaville, les 21 et 23 juillet. Réunissant représentants des groupes armés, des partis politiques et de la société civile, celui-ci aboutit à la signature d’un accord de cessation des hostilités, qui fait la fierté du Président congolais.
Mais les choses ne se passent pas comme prévu. La situation, loin de s’améliorer, s’envenime par endroit. Le Président congolais perd patience et décide alors de changer son fusil d’épaule. Son idée : réunir les anciens ennemis dans les salons de l’Hôtel Weston à Nairobi, au Kenya, pour les faire dialoguer et tenter ainsi, coûte que coûte, d’obtenir un accord de « fin des hostilités », qui est finalement conclu ce mardi 27 janvier...
Mais à peine est-il signé et ébruité que cet accord est dénoncé de toutes parts. « Cet accord de Nairobi ne peut être validé », déclare le propre adjoint de Denis Sassou Nguesso, le vice-médiateur malien, Soumeylou Boubeye Maïga, très gêné aux entournures. Les responsables onusiens et les chancelleries occidentales sont, eux, consternés. Mais sans doute pas autant que la classe politique centrafricaine, unanime pour dénoncer le contenu de cet accord qui est, en outre, très loin d’être partagé par les ex-Sélékas et les anti-balakas. Une majorité d’entre eux le considère comme « nul et non avenu ». De son côté, Catherine Samba Panza, la Présidente de la Transition, que ses proches disent « outrée », devrait faire aujourd’hui une déclaration pour dénier toute légitimité à cet accord.
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